Un cœur moelleux comme une éponge, un esprit aussi imprévisible que la mer, un corps solide comme le bois enfoui dans les eaux secrètes des étangs dont il crée ce qu’il aime à baptiser « mes assemblages », et la générosité d’un enfant en quête d’amour, de joie et d’aventures. Cette même générosité illumine sa peinture, sa palette et l’ampleur de son geste dans cet acte de peindre où parfois bien des sentiments côtoient la jubilation. La frontière entre ces différents états est fragile, mais Bernard n’a pas peur des limites. Il en invente pour mieux les transgresser et nourrir son art de cette pitance si chère à l’artiste, « l’inspiration ».

                               

« Bernard de Bages » se plait-il à rappeler. Er pour cause, ces étangs dans lesquels il puise l’exaltation lui doivent bien de partager le nom de ce petit village pittoresque et connu pour son histoire et son réservoir de bois échoués ou coulés en des temps reculés. Bois de barques, bois de bateaux, fragment de navires ancestraux entre autres témoignages d’une activité marine autrefois intense.

Tout autant de supports pour lesquels Bernard de Bages se passionne et sur lesquels il travaille. Il parcours les eaux de ce paradis aux secrets bien gardés, les interroge, les fouille et les débarrasse de leurs épaves oubliées, qu’il stockera dans son jardin des semaines, des mois durant. Mais cela ne suffira pas, les bois en tout genre issus des domaines viticoles feront parti du grand voyage.

Pour ces matériaux abîmés et oubliés viendra le jour de la renaissance. Peintures, sculptures ou assemblages trouveront en ces témoins des temps anciens, le dépositaire d’un message, d’une émotion ou parfois d’une compulsion. Ainsi, le bois si cher à notre artiste affichera, au-delà de sa beauté naturelle, une nouvelle noblesse, celle de l’âme d’un homme passionné, vrai et respectueux des personnes et des lieux qui lui offrent tant de beauté.

William Vella, artiste peintre
2010